A partir d’un matériau végétal, le lin, j’ai réalisé une série de coiffures de mariées que j’ai appelé « Reines d’un jour ». C’est un travail sur la nostalgie, sur le temps qui grignote et qui fane toute chose. Mon point de départ ou d’inspiration vient des globes de mariées très en vogue fin 19ème et début 20èmesiècles. Ces globes renfermaient, tel des écrins, la couronne de la mariée réalisée en tissu recouvert de paraffine et représentant des fleurs d’oranger (symbole de virginité). Ces globes avaient une place importante dans la maison et fonctionnaient comme un album de famille. On y mettait la médaille de conscrit, les souvenirs de 1ère communion, … Enfant, j’étais fascinée par ces objets que je percevais comme des univers miniatures ; chaque globe avait sa propre histoire, son fragment de vie. Leurs décors me semblaient féeriques. Maintenant, j’y vois le signe du passage du temps, de la décrépitude ; ils me font penser à des vanités.
Pour cette série de coiffures de mariées, j’ai utilisé du lin teillé qui me rappelle des cheveux de vieille femme, une blondeur qui aurait passée avec le temps. Symboliquement, les cheveux sont censés conserver un rapport intime avec la personne disparue, comme l’habitude de conserver une mèche de cheveu. J’y ai intégré des insectes qui symbolisent la décrépitude, le globe étant censé stopper la progression inexorable du temps.
Les « Pièces montées des grands jours » sont une variante sur ce même thème. Elles opposent le coté jouissif de la vie à la mort. Ce sont également des vanités.
